Après avoir reçu l’indication géographique du couteau Laguiole, attribuée à l’association basée à Thiers, une rencontre entre historiens et couteliers a eu lieu à Soulages-Bonneval pour expliquer et comprendre cette légitimité.
Retrouver la vérité.” C’est le leitmotiv de Michel Chambon, coutelier indépendant et pionnier du renouveau du couteau Laguiole à Laguiole au milieu des années 80. Dernier (Article paru dans nos colonnes le 24 septembre, NDLR) de l’indication géographique ( GI) du couteau Laguiole par l’Institut National de la Propriété Industrielle (Inpi) au profit de l’association Thiernoise Couteau Laguiole Aubrac Auvergne (Claa) a causé des ennuis.
Pour cette raison, une réunion symbolique s’est tenue mercredi dernier à la coutellerie de Michel Chambon à Soulages-Bonneval, en présence d’Aubry Verdier, Président de l’Association Thiernoise Couteau Laguiole Aubrac Auvergne (Claa), Christian Lemasson, historien et ethnographe, auteur d’ouvrages sur le couteau Laguiole, et Cathy Capelle, pionnière dans la commercialisation du couteau Laguiole à l’étranger.
« Le but est de faire éclater la vérité à partir des faits. C’est pourquoi nous avons fait appel à Christian Lemasson pour assurer le contrôle historique », précise Jean-Paul Pourade, enquêteur d’un jour et fondateur de l’association « Lou Masuc », actuellement active en collaboration avec André Valadier (fondateur de la coopérative Jeune Montagne, NDLR ) pour écrire “La Mémoire des Burons”.
Marque laguiole née à Thiers

Un travail de mémoire qui l’a poussé, en amoureux de l’Aubrac, à retracer l’histoire du couteau Laguiole afin d’apporter de la clarté à ce lien reconnu par l’Institut National de la Propriété Industrielle entre les ménagères Thiers et Laguiole après l’obtention de l’indication géographique par Klaa.
Explication du texte par son Président, Aubry Verdier, coutelier depuis six générations à Thiers : « La première marque Laguiole est née à Thiers en 1859. C’est une histoire commune de plus de 150 ans entre Thiers et Laguiole de fabrication de couteaux. Il n’est pas contradictoire au sein d’une indication géographique d’avoir deux aires géographiques distinctes. Cela vaut également pour le champagne. La loi vise à ne pas annuler la légitimité avec trois objectifs : éduquer le consommateur, défendre les savoir-faire et dynamiser l’emploi. Thiers et Laguiole permettent de mieux se défendre contre les copies des pays lointains, contre les importations pakistanaises et chinoises.”
En ce sens, l’Inpi a validé ce rapprochement entre les deux cymbales historiques du couteau Laguiole. « A l’époque, les couteliers de Thiers baptisaient le couteau Laguiole car c’était leur zone de chalandise. Il n’y a pas d’animosité avec Laguiole, au contraire. Les Laguiolais sont venus chercher Thiers pour la capacité et le marketing », se souvient Aubry Verdier. Et Jean-Paul Pourade d’ajouter : « L’Association des fabricants de Laguiole de l’Aveyron a également rejeté sa demande d’indication géographique car elle ne compte que quatre membres (Durand, Forge de Laguiole, Benoît l’Artisan à Laguiole et Laguiole en Aubrac à Espalion, Ed ) qui n’est pas représentatif du nombre de couteliers du Nord Aveyron revendiqué par leur syndicat.
Fédérer et non diviser
Que diriez-vous de la coutellerie Brun, Barry, Calmels, Coignet, Calmels à Laguiole ou Laguiole Village à Espalion ? “Ce sont les quatre couteliers d’IG Laguiole en Aveyron qui ont finalement légitimé IG Laguiole avec Thiers. Il ne fallait pas diviser, mais fédérer. Ils ont voulu partager le gâteau à quatre et ont perdu”, note le couple Francis Blandinières et Cathy im Chor Capelle, à la tête du village de Laguiole à Espalion, également présent au meeting Soulages-Bonneval, mais refuse de rejoindre Claa. “Obtenir l’IG est une chose, la conserver en est une autre.” Le projet est significatif pour ceux qui sont engagés dans la démarche. Et pour cela il faut des matières premières, que l’on trouve principalement à… Thiers. « Sans Thiers, il n’y a pas de Laguiole. Car entre 1950 et 1985 il n’y a pas eu de production de couteaux Laguiole. Paul Poujade. Tôt ou tard, il y aura assez de temps.
En attendant, nombreux sont ceux qui n’ont pas franchi le pas de l’adhésion, dont les trois Meilleurs Ouvriers de France (Mof) couteliers de l’Aveyron, à savoir Jean-Michel Cayron à Laguiole, Jérôme Lamic à Nayrac et Virgilio Munoz à Curières qui travaillent indépendamment. En toute liberté, loin du tumulte des clochers. Comme Michel Chambon. “Ce n’est pas du courage de dire la vérité”, conclut ce dernier, pour légitimer la décision de l’Institut national de la propriété industrielle, qui s’apparente à un mariage de convenance.
L’interview de cette rencontre est disponible sur notre site www.centrepresse.fr