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Au Sénégal, les mariages entre musulmans et chrétiens ne sont pas rares. Mais quelles sont les conditions posées ces deux religions pour de telles unions et quels sont les défis des couples mixtes ?

Le Sénégal compte 17 millions d’habitants dont plus de 90% sont musulmans et un peu plus de 5% catholiques. Que disent ces deux religions des mariages mixtes contractés entre musulmans et chrétiens ?
En principe, la tradition musulmane prévoit un certain nombre de conditions pour réglementer les mariages mixtes. “Le Coran a explicitement autorisé le mariage d’un musulman avec des femmes parmi ce qu’il appelle ‘Gens du Livre’, c’est-à-dire juifs et chrétiens dans la sourate 5 verset 5”, explique Mouhamadou Makhtar Kanté, imam de la mosquée du -Point E. à Dakar.
Selon lui, “la femme musulmane n’était pas autorisée à épouser un homme d’une autre religion”. “Les oulémas (érudits de la loi islamique) soulignent que l’autorisation a été donnée à l’homme en raison de sa position de chef de famille. Cela permettra aux enfants de naître dans la religion musulmane de leur père”, explique-t-il.
L’accord des parents
Mais les interprétations varient, ainsi que la manière dont ces dispositions sont mises en pratique. Selon Diabel Kouyaté, imam de la mosquée HLM Grand Yoff, pour que le mariage soit valide selon les rites musulmans, les parents du couple doivent accepter l’union qui doit être célébrée devant un imam après le versement de la dot par le futur marié. . .
“Si la partie musulmane accepte de se lier à vie avec la partie chrétienne, l’aumônier de l’époux chrétien adresse une demande d’autorisation à l’évêque”, explique le père Noël Coly, prêtre du diocèse de Saint-Louis, dans le Nord du Sénégal. .
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Si cette demande est acceptée, le conjoint musulman est convoqué par le prêtre qui lui rappelle ses “obligations et devoirs”, notamment “monogamie, liberté de consentement, indissolubilité du mariage, fidélité”. Le conjoint musulman s’engage également à ne pas empêcher ou décourager la pratique de la foi catholique par son partenaire ou les enfants qui naîtront de cette union. Si les deux époux sont d’accord sur ces conditions, la bénédiction du mariage est donnée.
Éducation spirituelle des enfants
Un point important dans les mariages mixtes est l’éducation des enfants. Si chez les chrétiens, l’accent est mis sur la liberté de choix des enfants issus de cette union, chez les musulmans, ils doivent être de la religion du père qui est « chef de famille ». Mais là encore, la pratique varie.
“Nous avons décidé, d’un commun accord, de donner à nos enfants deux prénoms à la naissance, musulman et chrétien. Cela leur facilitera la tâche s’ils décident plus tard d’épouser la religion de leur mère », ont déclaré les Diattas, un couple mixte qui a choisi le libre choix des enfants.
Roseline, chrétienne mariée à un musulman, estime que les enfants, du fait de leur proximité avec l’un ou l’autre des parents, finissent par choisir leur religion en fonction de cette affinité. “Tous les soirs, avant que je m’endorme, tous mes enfants participent à ma prière”, témoigne-t-elle. A la fin, ils savent tous faire le signe de croix, réciter le Notre Père, l’Ave Maria. »
Chez les Diops, autre couple mixte, l’accent est davantage mis sur l’éducation des enfants « dans la droiture ». “En fin de compte c’est ce que prétendent les religions révélées”, résument ces époux.
Difficultés
Souvent, les difficultés rencontrées par les couples mixtes sont liées à la pression des familles qui souhaitent que le conjoint d’une religion différente adopte la leur.
Parfois, ces pièges sont aussi liés à la polygamie pratiquée dans la culture sénégalaise et dans l’islam mais interdite chez les catholiques. Mariée à un musulman depuis dix ans, Julie fait face à ce problème. « À deux reprises, mon mari a voulu prendre une seconde femme », raconte-t-elle. Si ces tentatives n’aboutissent pas, la jeune mère de deux enfants « prie » pour que son mari ne trahisse pas le serment qu’il a prêté devant l’Église catholique de rester dans un mariage monogame.