Interview de Marc Rochet, directeur général d’Air Caraibes

Après une 1ère partie sur ses compagnies aériennes, Marc Rochet a abordé des sujets un peu plus larges du ciel français.Il se montre attentif à une possible consolidation du ciel aérien mais ne croit pas au rachat d’autres compagnies. Échaudé par le dossier Aigle Azur, il fustige l’intervention de l’Etat dans l’aérien.. Un patron de compagnie qui ne mâche pas ses mots…
Possible rachat de Corsair par Air Caraïbes ? “Acheter, non. Je ne crois pas aux achats corporate” selon Marc Rochet (Air Caraïbes) – CE
TourMaG.com – Dans la première partie de l’interview, vous avez évoqué la baisse de la desserte aérienne dans l’Outre-Mer, conjuguée à l’augmentation constante des coûts. Si j’ai bien compris, le prix du billet va continuer à augmenter ? 
 ;
D’autre part, nous constatons une baisse des prix du pétrole. Il n’est pas impossible que nous ayons moins besoin d’augmenter que prévu, voire de stabiliser les prix ou d’enregistrer une petite baisse dans les mois à venir.
Heureusement, grâce à la gestion des résultats et à la transparence sur Internet, les clients obtiendront toujours des prix abordables, surtout s’ils réservent à l’avance. Plus ils achètent longtemps, plus ils paieront.
“il est sans doute plus difficile pour Air France de s’attaquer à Lufthansa and co”
TourMaG.com – A Punta Cana, vous avez évoqué l’offre excédentaire d’Air France dans les DOM-TOM. qu’en pensez-vous ?
 ;
Placer 50 % de sièges en plus alors que vous savez que le marché ne croîtra pas de moitié est irrationnel. C’est facile à faire pour les entreprises qui vivent des milliards de dollars des contribuables français et néerlandais.
Depuis septembre on voit la réglementation des vols d’Air France, plus raisonnable et professionnelle, bien meilleure. Nous avons également ajusté, il y aura moins d’offres dans les semaines à venir.
TourMaG.com – Vous pensez que l’entreprise veut couler un porte-avions dans un Territoire d’Outre-Mer ?
Je ne sais pas vraiment ce que cherche Air France. Si vous avez une structure de coûts fixes trop élevée, c’est effectivement beaucoup de vol. 
 ;
Après, il leur est sans doute plus difficile de s’attaquer à leurs concurrents naturels, comme Lufthansa, IAG ou des compagnies américaines que de venir nous tenter…
“Nous avons sauvé les compagnies les plus malades, avec beaucoup d’argent public”
TourMaG.com – Il y a deux secteurs dans l’économie où les actionnaires doivent inévitablement retourner au pot, pour combler le vide : le football et l’industrie aéronautique. Est-il inévitable que son propriétaire vive éternellement dans les mythiques Danaïdes ?
Nous pouvons discuter pendant des heures du monde dans lequel nous vivons, mais il me semble qu’une entreprise qui perd année après année est vouée à l’échec.
Il est normal que les dirigeants essaient toujours de sauver la peau, c’est-à-dire l’humain. Actuellement, ce qui pollue l’air, c’est le comportement de l’État. 
 ;
Au nom de la crise, nous avons décidé que le gouvernement devait sauver le transport aérien. Cela ne me surprend pas, à cause de la crise extraordinaire que nous traversons, en revanche, des choses me dérangent. 
 ;
D’abord, on sauve les plus malades, avec beaucoup d’argent public et l’histoire est toujours la même : la première année, on récupère, la deuxième année on est stable et la troisième année on va avoir de l’argent. Mais ça ne s’est jamais passé comme ça…
Il y a un problème de transparence, car tout le monde n’est pas aidé. 
 ;
Deuxième point, si on aide les malades, les bien portants non : on le vit et ce n’est pas normal !
TourMaG.com – Vous ne recevez pas d’aide car vous n’en avez probablement pas besoin ?
Concentration dans l’aérien : “Nous ne pouvons pas dire fontaine…”
TourMaG.com – Pour revenir sur le mariage annulé entre Corsair et Air Ausral, Air Caraïbes revient de temps en temps, selon l’état d’avancement de l’affaire. Votre collègue Pascal de Izaguirre parle souvent de concentration dans le ciel français. Et toi? 
 ;
Pascal a peut-être quelque peu raison sur cette question. La France doit disposer d’un transport aérien moderne et performant par rapport à la situation économique du pays. À ce jour, le rôle joué par les entreprises françaises a diminué. 
 ;
Il a raison : il y a trop de compagnies longue distance, on ne sait pas ce que ça veut dire, son but. Par ailleurs, le rôle de l’Etat dans cette concentration reste également à déterminer.
TourMaG.com – Pouvez-vous être un acteur de cette concentration ?
TourMaG.com – Vous avez repris la phrase de Pascal de Izaguirre, c’est un message ?
Après cela, je ne sais pas ce qui se passera dans le futur. Par contre, il y a concentration ou pas, je sais juste que grâce à nos actionnaires, l’année prochaine ou prochaine, nous y serons et nous consoliderons notre position.
A lire : Eau Austral-Corsaire : “Ne dites jamais, ma fontaine ne boira pas votre eau…”
Le rachat de Corsair ? “Non…”
TourMaG.com – La reprise du Corsair vous intéresse ? C’est une rumeur qui refait surface avec urgence aux Antilles.
Je ne crois pas aux achats, même si j’y crois dans ma vie. En France, il n’y a pas de culture du rapprochement et du mariage inter-entreprises. 
 ;
Je veux vous rappeler une histoire. 
 ;
Quand Aigle Azur était au bord d’une chute logique, pour défendre la position de la France à Orly, pour montrer que nous étions capables de penser au personnel, nous avons fait une offre conjointe entre Air France et Air Caraïbes, au Tribunal d’Evry. 
 ;
A cette époque, nous voulions prendre en charge une partie du long voyage, mais nous avons garanti l’emploi à 86 % de la main-d’œuvre.
On nous a demandé d’en faire plus, c’était totalement irrationnel. Derrière vous savez ce qui s’est passé. Si l’achat ressemble à ceci, cela se fera sans nous.
TourMaG.com – Peut-être une prise de participation ou un partenariat…
Notre objectif est seulement d’améliorer la situation en 2023.
Tous les commentaires offensants, abusifs ou diffamatoires seront immédiatement supprimés par les modérateurs. Signaler un abus